30 juillet 1911  Petit Haut-Marnais

La réception de la « Chaumontaise »

Avant-hier soir, le conseil municipal et les autorités de la ville recevaient « La Chaumontaise », retour du concours de Caen.

Nous n’insisterons pas sur les brillants succès remportés en Normandie par nos vaillants gymnastes. Nous les avons signalés.

Disons que la réception qui leur fut faite fut aussi cordiale, aussi enthousiaste que possible.

L’Harmonie et l’Étendard se rendirent sur la place de la gare où se trouvait rassemblée La Chaumontaise.

Au nom des sociétés musicales MM. Gachon et Simonnot, tout en félicitant Mr Chouard, lui remirent chacun un magnifique bouquet, puis le cortège se forma pour se rendre à l’Hôtel de Ville.

Aux accents d’entraînants pas redoublés exécutés par les trompettes et l’Harmonie, les gymnastes, précédés de leur drapeau, défilèrent en ville.

En arrivant devant la mairie, une foule considérable stationnait sur la place.

Monsieur Lisse, maire de Chaumont, accompagné de son adjoint Monsieur Lévy-Alphandéry et entouré des membres du Conseil Municipal, avaient pris place sous le pérystile. Monsieur Jacquot, président de La Chaumontaise, Mr Maluski, proviseur du lycée, Mr Febvre, capitaine des pompiers, s’étaient joints à la Municipalité.

L’Étendard et l’Harmonie se firent successivement entendre , puis la section de concours de la gymnastique  exécuta quelques exercices d’ensemble très réussis et fort applaudis.

Gymnastes, musiciens et invités entrèrent alors dans la salle des pas perdus où des tables étaient dressées.

En quelques paroles, Mr Lisse félicita La Chaumontaise au nom de la ville et en son nom personnel. Il ne ménagea ses compliments ni au président ni au directeur de la société qu’il présida lui-même et dont il fut un des fondateurs.

On applaudit l’allocution de M. Lisse puis M. jacquot répondit en ces termes :

Allocution de Monsieur jacquot

            Vos félicitations Monsieur le Maire et Messieurs les Conseillers, touchent profondément la société de gymnastique de Chaumont.

            Grâce à vous, celle-ci est florissante. Vous aidez de nombreux jeunes gens à prendre une distraction saine, fortifiante. En assistant à leurs réunions athlétiques, qui les rendent plus robustes, ils échappent à la fréquentation des cafés, aux mauvaises connaissances. La santé physique et morale de cette jeunesse vaudrait déjà le sacrifice pécuniaire en sa faveur. De vos libéralités, les gymnastes sont reconnaissants, Messieurs. Pour vous en donner une preuve, la seule qui soit en leur pouvoir, ils ont travaillé avec ardeur, avec opiniâtreté, afin de se rendre digne de la ville de Chaumont. De nombreuses médailles ont déjà récompensé leurs prouesses. Aujourd’hui, ils vous apportent avec fierté le résultat du Concours fédéral de Caen où ils ont lutté avec les premières Sociétés de France.

Trois prix d’excellence dont deux premiers, un deuxième prix de course en section, plus dix prix individuels.

            Au brevet d’aptitude militaire à Chaumont, la Société avait présenté11 candidats : 10 ont été reçus  et ce sont les 10 premiers de 22 concurrents.

            Après avoir remercié l’Harmonie Chaumontaise et l’Étendard de leur garcieuse collaboration à cette fête, la Société a encore une dette d’honneur à acquitter.

            En même temps qu’elle obtenait votre aide précieuse, Monsieur le Maire, elle avait la bonne fortune d’être dirigée par un maître exceptionnel. Monsieur Chouard ne se contente pas d’être un gymnaste accompli, l’homme fort et adroit qui réussit et enseigne des tours de barre fixe ou des exercices artistiques. C’est un éducateur au sens complet du mot. Ses qualités intellectuelles équilibrent ses dons  physiques. Grâce à lui, le meilleur esprit, les vertus sociales, la politesse qui ajoutent tant de charme à la force virile, règnent au sein de « La Chaumontaise ». Il vous a donné, Monsieur le Maire, et il continue à vous préparer des générations de parfaits citoyens, animés des plus purs sentiments républicains.

Une superbe gerbe de fleurs fut ensuite offerte aux gymnastes par Monsieur lisse.

            On but à La Chaumontaise et à la Municipalité puis, c’est par un petit concert très apprécié que se termina cette réunion toute de cordialité.

8 mai 1911  Petit Haut-Marnais

La fête de « la Chaumontaise »

Samedi, la société de « gymnastique »,  offrait une fête à ses membres honoraires. C’est dire tout d’abord que bien avant l’ouverture des portes, une foule considérable se pressait aux abords du théâtre.

Bientôt la salle fut envahie et , du parterre aux galeries il ne restait plus une place libre.

Le spectacle méritait d’être vu car il était composé de façon à satisfaire même les plus difficiles. L’Harmonie Chaumontaise, l’Étendard Chaumontais et la Section théâtrale du Patronage laïque prêtaient leur concours à la fête qui obtint un plein succès.

 Nous ne pouvons entrer dans tous les détails de cette soirée réussie. Rappelons  cependant que gymnastes, musiciens  et artistes furent parfaits, chacun dans son genre.

 Les pupilles de la Chaumontaise firent preuve d’une rare cohésion  dans leur production d’ensemble. Ces exercices mirent en relief  l’esprit de discipline qui règne à la société, les précieuses et multiples qualités  de celui qui, depuis tant d’années, la conduit au triomphe.

Monsieur Chouard ne nous en voudra pas, de faire de lui, ici même, un éloge des plus mérités.  Sa tache si complexe et si délicate d’instructeur expérimenté, il la remplit avec ardeur, en se dépensant sans compter. Il a fait, des jeunes gens à lui confiés, non seulement des athlètes très forts, mais encore des gymnastes sachant ce qu’ils font et pourquoi ils le font. Et ces derniers sont rares.

Aux barres parallèles comme au cheval d’arçons et aux anneaux, comme dans les pyramides d’un bel effet, la section de concours se prodigua. Dans ces travaux différents pour l’exécution desquels l’éducation physique doit être complète, les gymnastes se sont montrés supérieurs. Aussi les applaudissements ne leur ont pas été ménagés par les connaisseurs.

L’Harmonie Chaumontaise a, une fois de plus, mis le public  à même d’apprécier son incontestable  maîtrise dans une grande marche « Honneur aux Basses » et dans « La Maîtresse du Logis », ouverture de Suppé. Directeur et artistes ont droit à toutes les félicitations.

L’Étendard Chaumontais, qui ne sépare jamais des sociétés sœurs  se prodigua dans une fantaisie  fort bien rendue « Devant l’ennemi »  et dans un pas redoublé des plus enlevant « Marche du 1^er bataillon ». Nos trompettes se jouent des difficultés avec une virtuosité bien près de la perfection.

Quant aux artistes du Patronage laïque, la façon dont ils furent « bissés » par les spectatuers montrent à quel point , eux aussi, connurent le succès.

Mr Guery qui joint, à un réel talent de comédien celui non moins apprécié de compositeur donna plusieurs de ses œuvres si goûtées.  A ses innombrables travestis, cet excellent artiste a su  joindre des productions finement spirituelles et tout à fait couleur locale. Joignons encore à cela, des airs connus et un accompagnateur comme Mr Porcher, et c’est le succès.

Mr Sivadon  excelle dans le genre Polin. Il sait, à merveille, incarner l’inénarrable troubade. Seuls, ses jeux de physionomie provoque un rire inextinguible. Il fut particulièrement applaudi  dans des œuvres du plus haut comique.

M. Biget, dont on connaît les remarquables qualités, se prodigua, lui aussi, dans ses monologues très goûtés, déclamés avec une connaissance parfaite de sa scène. Le public lui fit également une chaleureuse ovation.

Un mot encore, et ce sera pour adresser des compliments  aux gymnastes figurant sur les « tableaux militaires ». Dans ces différentes productions , parfaitement exécutées on sent encore l’habileté de M.Chouard  comme metteur en scène.

Asile de nuit, l’hilarante comédie de Max Mauret, dans laquelle MM. Biget, Sivadon et Devoitine furent d’un comique achevé, termina  cette charmante soirée, qui laissera à tous les spectateurs d’avant-hier la meilleure impression.

Vraiment, nos vaillants gymnastes ont bien fait les choses, ce dont on ne peut que les féliciter.

La Chaumontaise à Bruxelles

Partis samedi dernier 13 août  à 4h du matin, nos gymnastes ont fait leur entrée à Bruxelles le même soir, vers 4 heures.

Une visite au secrétariat général du concours, pour retirer différentes pièces, nous fait connaître nos concurrents.

            International-, 1^ère division.

1. La Chaumontaise, 2. Uitspanning de Bergen (Hollande), 3. Cercle grand Ducal (Luxembourg), 4.La Patrie Ettelbruck (Luxembourg), 5.Sparta de Delft ( Luxembourg), 6.Hercules de Rotterdam ( Hollande), 7.L’Active de Caudry (France), 8.Herculis de Monaco, 9. Sparta-Bergen of Zoona (Hollande), 10. La Patriote d’Auzin (France), 11. La gauloise marseille (France), 12. Sociéta Românâ Buccarest (Roumanie), 13. Société fédérale Montreux (Suisse), 14. Le Réveil d’Echternach (Luxembourg), 15. La Revanche, Lilles (France), 16. Door Oefening Utrecht (Hollande), 17. Voruitgang de Yerseke (Hollande), 18. L’Avenir, Liévin (France), 19. La Saint Mandeenne (France), 20. Club Gymnastique Français de Tunis, 21. Varesina (Italie), 22. Indépendante, Chalon sur Saône (France), 23. 24. deux autres sociétés étrangères inscrites après coup.

            Certainement toutes ces sociétés sont bien préparées et ce sera dur car il faut obtenir 9/10 pour un prix d’honneur ; enfin, certains conseils sont donnés aux chaumontais par leur directeur qui les engage  à se croire à une répétition ordinaire, et espérons que tout ira bien.

            Le lendemain dimanche, répétition des ensembles imposés en musique le matin ; l’après midi, défilé et grande fête : la Chaumontaise s’y produit au cheval-arçons et aux ensembles avec barres. Notre société obtient un beau succès , et nous pouvons, par comparaison, dire que nos gymnastes font bonne figure.

            Une petite visite à l’exposition et tout le monde devra se reposer de bonne heure, le concours proprement dit commençant le lendemain matin à 5h ½ .

            Nous sommes à table, il est environ 8h du soir, on vient de téléphoner à l’hôtel que l’Exposition est en feu. D’ailleurs les lueurs de l’incendie se voient d’où nous sommes, un kilomètre et demi environ, à vol d’oiseau ; par moment des étincelles tombent dans la rue et sur les toits, on entend même de sourdes détonations. Nous partons vivement, mais il est impossible d’approcher, la troupe grenadiers, carabiniers, gendarmes forment une barrière infranchissable. Une poussée formidable se produit, c’est la foule qui cherche à fuir, on dit que les fauves de Bostock se sont échappés. Il est minuit et demi. Tous nos gymnastes sont rentrés. Le concours aura-t-il lieu ?

            Lundi matin, nous sommes debout de bonne heure, et nous partons au rassemblement, des trains spéciaux étant réservés aux gymnastes. Personne n’a donné de nouvelles instructions  et nous nous heurtons à toutes les portes d’entrée à la même consigne : on n’entre pas avant 10 heures. Et le concours ?

            Enfin, 10 heures. Le concours ne commence guère qu’une demi-heure plus tard, et chacun s’efforce de regagner le temps perdu, malgré cela, tout ne sera terminé que vers 7h du soir.

            A chaque appareil, les jurés remettent aux moniteurs le double des notes obtenues ; ceux-ci s’empressent de se rendre compte  s’ils ont obtenus le quantum  fixé de 9 sur 10. Joie s’il y est, dépit dans le cas contraire.

            Notre concours est terminé. Nous avons obtenu un prix d’honneur. Nous ne saurons que demain mardi le rang que nous occupons dans les prix d’honneur. Il nous tarde d’être fixés.

            Enfin nous voilà à la distribution des prix. On appelle la division supérieure puis la 1^ère division, les cœurs battent plus vite : il y a seulement cinq prix d’honneur seulement mérités sur les 24  sociétés citées plus haut : Utrecht (Hollande), Chaumont (France), Monaco, Caudry (France), Cercle grand ducal de Luxembourg. Nous sommes les deuxièmes, bravo ! Il n’y a plus que les prix pour les ensembles à attendre.

            En définitive, voici le résultat : Concours international de gymnastique, 1^ère division : 2^ème prix d’honneur. Concours international de mouvements d’ensembles avec instruments : 1^er prix, classé 4^ème.

            Nous sommes fiers du classement parce que nous avions à lutter contre de très fortes sociétés étrangères.

3 juillet 1910

Le festival de gymnastique de Bar sur Aube

Dimanche a eu lieu à Bar-sur-Aube un festival de gymnastique auquel s'étaient rendues nos excellentes sociétés la Chaumontaise et la Langroise.

Comme toujours, elles ont recueilli le succès dû à leurs persévérants efforts.

Le programme en main, dit notre confrère Le Petit Troyen, nous admirons successivement : les exercices variés aux appareils, par La Chaumontaise ; l'ensemble à mains libres par la Persévérante, numéro vraiment sensationnel dont l'exécution impeccable provoque l’admiration des fins connaisseurs eux-mêmes ; simultanés  aux barres parallèles par la Langroise.

Les pyramides, par le Réveil, la Langroise, la Courageuse et la Concorde recueillent les applaudissements unanimes.

Les mouvements d'ensemble de la fête fédérale de Bruxelles par La Chaumontaise et la Persévérante marquent le début de la seconde partie. Exécutés au commandement du directeur de La Chaumontaise, M. Chouard, et sans adaptation musicale, ces mouvements quoique conçus dans un style tout différent sont, si possible, plus prisés encore que ceux de Saint-Quentin. Des bravos ensoleillés que les passages saillants et la finale.

Au cours de cette seconde partie qui ne le cède en rien à la première, nous voyons défiler tour à tour : aux barres parallèles la Patriote et l'Alliance, au reck la Persévérante ; La Chaumontaise se signale par des sauts à la perche auxquels participe le directeur de la Persévérante, véritable homme volant ; viennent ensuite, ensemble à mains libres, par la Langroise, simultané aux parallèles par la Courageuse.

Au sujet de la fête de nuit, notre confrère écrit encore :

Vers neuf heures et quart, la scène, plongée jusqu'alors dans l'obscurité, s’illumine soudain et La Chaumontaise, qui l'occupe, ouvre le feu avec une série d'ensembles avec barres très réussie.

La Langroise, qui s'est distinguée déjà dans l'après-midi, obtient le premier prix espèces dans une série de poses tirées de la mythologie du de vérité saisissante.

Dans leurs assauts de boxe, les pupilles du Réveil sont parfaits, aussi que dans leurs rééditions des ensembles libres avec engins exécutés pendant la fête de jours.

Les poses plastiques de La Chaumontaise sont à leur tour justement appréciés.

C'est à dessein que nous avons cité des extraits de notre excellent confrère de Troyes. Les compliments qu’on y a trouvés sont d'autant plus flatteurs pour nos sociétés de gymnastique qu'ils ne viennent pas d'un journal haut-marnais. On ne peut donc les taxer de partialité.

Ceci dit, nous applaudissons chaleureusement au succès remporté par les gymnastes de notre département.

Partout où ils vont, ils maintiennent haut et droit le drapeau dont les plis ont déjà joyeusement et triomphalement flotté dans maintes villes.

Qu’ils en soient, eux et leurs dévoués chefs, sincèrement félicités !